Éditeur : Honya Seibei. Format ôban. Fond bleu ; gaufrage, pigments métalliques.
L'identification de l'acteur et du personnage interprété, Sasaki Saburô Moritsuna, figure sur l'estampe. Arashi Rikan II joua ce rôle dans la pièce Ômi Genji (Le Clan des Minamoto dans la province d'Ômi), au théâtre Kado-za d'Osaka.
L'action s'inspire directement d'une pièce écrite par plusieurs dramaturges pour le théâtre de marionnettes et jouée pour la première fois à Ôsaka, au Takemoto-za, le 12e mois 1769. Seul l'acte VIII nous est parvenu. L'intrigue transpose un événement capital du début de l'époque d'Edo : l'assaut victorieux par les Tokugawa, l'été 1615, contre le château d'Osaka où s'était retranché Toyotomi Hideyori, l'héritier de Toyotomi Hideyoshi (1537-1598 ; l'homme qui avait réussi la réunification politique du Japon). Cette bataille écartait définitivement l'éventualité qu'un clan disputât l'hégémonie à Tokugawa Ieyasu et à ses descendants.
Suivant la pratique courante pour échapper à la censure, l'action de la pièce est repoussée dans le passé : au début de l'époque de Kamakura (1185-1333) ; elle est située dans le campement près du lac Biwa, de Sasaki Moritsuna, valeureux général à l'âme sensible et partisan de Minamoto no Yoriie (fils de Minamoto no Yoritomo assassiné en 1204 ; transposition du cas Toyotomi Hideyori). Elle oppose Sasaki Moritsuna aux machinations de son frère machiavélique Sasaki Takatsuna (transposition du cas Tokugawa Ieyasu), général du clan de Hôjô Tokimasa, détenteur du pouvoir réel à Kamakura. L'une des scènes les plus attendues du drame était l'examen par Moritsuna de la tête coupée, présentée comme celle de Takatsuna. Le rôle de Moritsuna ne pouvait être confié qu'à un très grand acteur, capable d'exprimer des sentiments complexes dans des poses appropriées : chagrin d'apprendre la mort de son frère Takatsuna, ahurissement et joie de se rendre compte que la tête n'est pas la sienne, soudaine révélation de la machination de son frère, respect pour le suicide de son neveu (celui-ci ayant voulu laver le déshonneur paternel) en acceptant la tête comme celle de Takatsuna.