Format chûban.
La légende auréola le guerrier Watanabe no Tsuna (953-1025) pour un fait d'armes célèbre : en combat singulier, il débarrassa de son monstre attitré la grande porte méridionale de la capitale, Rashô-mon. Shunshô en fit d'ailleurs le sujet d'une estampe. Mais ici, il illustre une autre version de la légende. Revenant à la capitale après une mission accomplie pour son seigneur, Watanabe no Tsuna s'était engagé sur le pont Modori, quand il croisa une ravissante jeune femme. Celle-ci le pria de l'escorter jusqu'à chez elle ; mais sitôt qu'il eut acquiescé, elle se transforma en monstre, qui le souleva de terre. Après un moment de surprise, Tsuna dégaina son sabre et d'un seul coup, il lui trancha le bras, lequel retomba à des lieues de là, sur le toit du sanctuaire Kitano tenmangû ; là-dessus le monstre poussa un horrible hurlement et disparut dans les airs.
La geste des guerriers constitua un genre mineur, bien que constamment exploité dans l'ukiyo-e au XVIIIe siècle. Mais à l'extrême fin des années 1760 et surtout vers 1770, ce genre connut un succès tout particulier et attira des artistes alors en vogue, dont Harunobu. Shunshô, quant à lui, dessina plus de vingt estampes de guerriers à cette époque. On ignore les raisons de cette vogue éphémère.