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Seirō jūni toki tsuzuki (Les douze heures des Maisons vertes): L'heure du Singe (Saru no koku)
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Éditeur : Tsutaya Jûsaburô. Cachet de censure : kiwame. Format ôban. Fond jaune ; application de laiton en poudre.
Avant de commencer leur travail nocturne à 18 heures, les courtisanes de tout haut rang - et elles seules - avaient le privilège de parader dans toute la somptuosité de leurs atours et avec leur escorte pour se rendre à une maison de thé sur l'artère principale, Nakanochô. On voit ici sur les 16 heures, l'une d'entre elles - Hanaôgi d'après le blason sur son manteau - en compagnie d'une adolescente (shinzô) et d'une fillette (kamuro), dont on ne devine que la coiffure.
Jadis au Japon, comme nous en informent notamment maints passages du Genji monogatari (Dit de Genjî), la manière de se vêtir faisait l'objet de la plus grande attention, tant dans le choix des matières et des motifs que dans l'harmonie des couleurs. C'était là un critère de la sensibilité esthétique d'une personne et un faire-valoir de la beauté, surtout féminine. À l'époque d'Edo, les très nombreuses lois somptuaires portèrent en priorité sur l'habillement, signe indicatif du statut social. Ainsi en principe, les tissus de luxe, les broderies et les appliques à la feuille d'or ou d'argent étaient réservés aux classes supérieures. La fréquence de ces interdits prouve à elle seule que les citadins ordinaires les tournaient constamment. Dans le monde à part des quartiers réservés, les grandes courtisanes n'en faisaient aucun cas, car la beauté et la recherche, voire l'extravagance de leur mise faisaient partie intégrante de leur métier. La garde-robe représentait pour elles le bien le plus précieux et elles n'hésitaient pas à dépenser des fortunes en textiles luxueux et coûteux correspondant à leur rang. Les sorties d'après-midi leur offraient l'occasion de faire étalage de leur prospérité afin d'impressionner et d'ensorceler les hommes. C'était un véritable spectacle que de les voir marcher avec lenteur et solennité sur leurs très hauts socques, dans des costumes chamarrés assortis à des coiffures très ornées, avec une escorte toujours plus nombreuse. Le spectacle devenait grandiose et attirait une foule de badauds à l'époque du nouvel an. Pour leur première sortie de l'année, elles portaient, bien à contre-cœur, une sorte de livrée décorée de motifs associés à leur maison et payée par elle. Mais dès le 2e et le 3e jour du 1er mois, elles offraient un véritable défilé de mode, dans des robes particulièrement somptueuses et conformes à leur goût. Elles engageaient là une compétition entre elles pour la palme à l'originalité.