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Carmentis

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La nuit au Yoshiwara
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Format shikishiban. Surimono ; argent.
Dans la nuit, un client attardé du Shin-Yoshiwara hèle une jeune femme, qui apparaît à l'étage d'une maison de thé sur l'artère principale Nakanochô.
Au sens littéral, surimono signifie "objet imprimé", mais il qualifie en réalité certaines éditions privées. Apparus au milieu du XVIIIe siècle, les surimono suivaient la tradition de l'estampe-calendrier et s'offraient au nouvel an en guise de vœux à des amis et connaissances. Dans les années 1790, d'autres occasions nombreuses leur servirent de prétexte, par exemple : annonce d'une séance musicale ou d'un changement de nom, cérémonie commémorative, publicité pour certains produits. Ils étaient alors imprimés sur papier de format très varié : de la très grande feuille pliée à la petite feuille rectangulaire. Au XIXe siècle, les surimono développèrent des procédés sophistiqués d'impression - poudrage de métal ou de nacre, laquage, coloration aux pigments rares, minéraux et végétaux, gaufrage et dégradé de couleur -, tandis que leurs dessins de plus en plus élaborés cherchaient à toucher la sensibilité artistique des nombreux cercles de kyôka (poésie humoristique, dite folle). D'ailleurs, ceux-ci accaparèrent en quelque sorte les surimono et firent appel aux dessinateurs ukiyo-e pour concevoir une illustration aussi recherchée que leurs poèmes sophistiqués et polysémiques - les artistes commissionnés y trouvant des revenus appréciables. Vers 1808, les swimoito adoptèrent unanimement et pendant une vingtaine d'années le format shikishiban, presque carré (21 x 19 cm environ), sans qu'on connaisse les raisons précises de ce choix et de cette vogue. Certes, ce format pré¬ sente des avantages pratiques : il suggère une intimité artistique et une connivence érudite, tout en étant suffisamment grand pour y faire figurer un ou deux poèmes, ou plus encore, avec l'image. Ce format réduit avait en outre l'intérêt de maintenir le coût de ces impressions méticuleuses aux pigments fort chers dans des limites raisonnables. Par ailleurs, le shikishiban s'inscrit dans une longue tradition culturelle remontant à l'époque de Heian (794-1185), qui privilégiait un format analogue pour calligraphier des poèmes chinois et japonais destinés à être collés sur des paravents. Ce fait ne devait pas échapper aux poètes du XIXe siècle, fascinés qu'ils étaient par leur héritage littéraire et par leur identité culturelle nationale (comme le fait remarquer J.T. Carpenter).